Le burn-out : une fatalité ?

En tant que coach, je rencontre chaque jour, sur leur lieu de travail, des personnes souffrant de stress chronique. De nombreuses mesures préventives peuvent pourtant être prises - tant par l’entreprise que par le travailleur - pour stimuler la résilience. Et pas nécessairement des mesures drastiques.

Talent Management
30.08.2022
Stefanie Geerinck

Notre cerveau ne connaît plus le repos

Notre société se caractérise par le stress et l’agitation : au travail, dans la circulation et même dans nos rares temps libres. Le stress et les emplois du temps chargés ne constituent pas nécessairement un problème en soi. En effet, lorsqu’il est modéré, le stress nous maintient vifs, alertes et créatifs. Il attise notre feu intérieur, nous fait prendre des initiatives et nous pousse à l’action. Mais il y a une condition importante : que le moment de stress soit toujours suivi d’un moment de récupération suffisant. Le stress ne devient problématique que lorsque la surcharge est chronique.

Aujourd’hui, nous trouvons presque « normal » de solliciter notre cerveau constamment. En plus des stimuli de plus en plus forts et des tâches urgentes, nous devons également faire face à des exigences de plus en plus élevées, au besoin de performance et à la crainte de passer à côté de quelque chose (Fear of Missing Out). S’autoriser du repos, de la détente, est devenu difficile.

Par ailleurs, nous sommes confrontés à de nombreux changements qui exigent, eux aussi, beaucoup d’efforts et de flexibilité. Il n’est dès lors guère surprenant de voir tant de travailleurs craquer, et les baromètres « facultés de travail » et  « bien-être au travail » pointer dans le rouge. Il est essentiel de développer une approche cohérente qui garantisse la faisabilité et la durabilité du travail.

Retrouver le fil de sa vie

Le burn-out découle rarement d’une cause isolée ; il résulte d’une combinaison de facteurs relevant tant de la sphère professionnelle que privée. À travers mes contacts avec des entreprises et des travailleurs, je remarque souvent que, du fait de la multitude de facteurs possibles du stress, les personnes qui en sont atteintes se trouvent dans un état de confusion. Or, cette perte de lucidité peut avoir un effet paralysant. Une sorte d’impuissance s’empare d’elles, elles ne savent plus prendre d’initiatives et se contentent de subir les choses.

Si elle est compréhensible, cette tendance à l’inertie est absolument néfaste pour la résilience au sein de l’entreprise. C’est pourquoi, lors de mes séances de coaching, je recours volontiers à la Maison de la capacité de travail, laquelle concorde largement avec les 5 T du Travail. Utilisés en combinaison, ces deux concepts offrent une base solide pour travailler de manière globale et durable sur la résilience.

Les 5 T

Aujourd’hui, on parle beaucoup - à juste titre - de burn-out, de bonheur au travail et d’engagement. De nombreux modèles se concentrent principalement sur le rétablissement après burn-out, ou n’abordent que superficiellement la question de la prévention. Cependant, dire que l’on est engagé lorsqu’on est rempli d’énergie et qu’on se sent impliqué dans son travail, ou qu’on est proche du burn-out quand on a peu d’énergie et que l’on se sent peu impliqué ne peut suffire. Si cette prise de conscience est importante, encore faut-il savoir ce qui donne de l’énergie aux collaborateurs, et ce qui fait qu’ils se sentent impliqués ou non. Les 5 T apportent des réponses à ces questions. Ils donnent le contexte. Les 5 T sont :

  1. les conditions de vie au travail
  2. le contenu du travail
  3. l’organisation du travail
  4. les relations interpersonnelles au travail
  5. les conditions de travail

Réaliser une analyse des risques psychosociaux constitue toujours une entreprise complexe, du fait que leurs causes sont multifactorielles et les dangers cachés à de multiples niveaux. Le modèle des 5 T se prête très bien à l’analyse des risques psychosociaux. Toutefois, en tant que coach, je trouve personnellement nécessaire de ne pas limiter les programmes d’accompagnement préventifs aux caractéristiques liées à l’entreprise et au travail. C’est pourquoi j’ai souvent recours à la Maison de la capacité de travail.

La Maison de la capacité de travail

Créée par le professeur finlandais Juhani Ilmarinen, la Maison de la capacité de travail met en lumière l’influence des caractéristiques individuelles, sociales et organisationnelles sur la capacité de travail. C’est précisément cette combinaison qui la rend si intéressante. Car, à mon sens, on ne peut parler d’une bonne capacité de travail que lorsque les caractéristiques individuelles du travailleur et les exigences liées au travail sont en équilibre. Or, cet équilibre aussi est une donnée chnageante. Une donnée à laquelle il est utile de réfléchir régulièrement, tout au long de sa carrière.

La Maison de la capacité de travail se présente littéralement sous la forme d’une maison à quatre étages.

  1. Le rez-de-chaussée représente la santé du collaborateur. La capacité de travail repose sur une bonne santé physique et mentale. La santé est la base indispensable, le fondement crucial de la Maison de la capacité de travail.
  2. Le premier étage symbolise les compétences du collaborateur. Pour disposer d’une bonne capacité de travail, il est important que le collaborateur possède la combinaison adéquate de connaissances et de compétences professionnelles et sociales pour pouvoir continuer à exercer son emploi aujourd’hui et à l’avenir. En effet, les compétences, connaissances et aptitudes requises sont également susceptibles d’évoluer.
  3. Le deuxième étage abrite les normes et les valeurs du collaborateur. Celui-ci ne se sentira réellement et durablement lié avec une entreprise que s’il est d’accord avec les normes et les valeurs de celle-ci. Dans cette optique, le respect, la valorisation, la reconnaissance et la justice constituent souvent des valeurs (ou des conditions) déterminantes.
  4. Le troisième étage est réservé au travail même. Il symbolise les exigences liées à l’entreprise et au travail, les conditions de travail, l’organisation du travail, le contenu de la fonction et la répartition des tâches. Le leadership ainsi que la structure et la culture du management y jouent également un rôle important.

Un escalier traverse la maison et relie tous les étages entre eux, l’équilibre d’une bonne capacité de travail ne pouvant être atteint que lorsque tous les étages sont en interaction. Ce n’est qu’alors que la maison peut supporter le toit, qui assure la capacité de travail.

Dans le concept d’ Ilmarinen, seul le deuxième étage dispose d’un balcon, lequel symbolise l’influence de l’entourage immédiat. Il ne fait aucun doute que notre environnement (famille, amis, proches, société) exerce une immense influence sur nos normes, valeurs et attitudes, et donc indirectement sur notre capacité de travail. D’après mon expérience, toutefois, chaque étage dispose d’une fenêtre donnant sur l’environnement extérieur, lequel a donc un impact important sur chaque étage.

 

 La maison de la capacité de travail

Où les choses dérapent-elles ?

Difficile de le dire précisément. Chaque personne possède sa propre histoire, un caractère distinctif, une situation unique. De même, chaque fonction et chaque entreprise sont différentes.

Ce que je peux affirmer, en revanche, c’est que les éléments qui bloquent les gens peuvent grandement varier selon la génération à laquelle on appartient. Ainsi, les jeunes travailleurs sont plus souvent confrontés à un manque de connaissances et de connaissance de soi, tandis que les trentenaires peuvent avoir du mal à combiner un emploi accaparant avec un ménage et de jeunes enfants. Quant aux quadragénaires, ils se posent davantage de questions existentielles et sont en quête de sens.

Lorsque je repense aux parcours des personnes que j’ai accompagnées, je constate une récurrence des thèmes sur lesquels le collaborateur peut lui-même exercer une influence. Les principaux points à améliorer concernent souvent la connaissance de soi, la réflexion sur soi, le leadership personnel, la communication et les relations de travail. Je serai heureuse de vous en parler davantage dans mon prochain article de blog.

A propos de l'auteur

Stefanie Geerinck, Senior Consultant Talent Management

Stefanie est un coach expérimenté dans le domaine de l'orientation professionnelle, de l'outplacement et de la prévention du burn-out.

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